Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

michel lhomme - Page 2

  • Philosophie ?...

    Le numéro 52 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, avec pour rédacteur en chef David L'Epée, vient de paraître. Cette nouvelle livraison est consacrée à la philosophie...

    Vous pouvez commander ce nouveau numéro sur le site de la revue Eléments.

    Bonne lecture !

     

    Capture d’écran 2021-12-29 à 17.31.37.png

    Au sommaire de ce numéro :

    Rémi Soulié / Papillonner.

    Francis Moury / Nécessité ou contingence de l’histoire
    de la philosophie.

    Denis Collin / La philosophie est la recherche de la vérité…
    et rien que cela.

    Entretien avec Michel Onfray / « Il n’est jamais trop tôt ni jamais trop tard pour commencer à philosopher.

    André Perrin / Tombeau du philosophe citoyen.

    Vincent Citot / Petite philosophie des valeurs.

    Michel Lhomme / Le Philosophe, le Voyou et le Légionnaire.

    Entretien avec Pierre Le Vigan / « Il y a autant de philosophies européennes que de philosophes européens. »

    Francis Emmanuel / À propos de la philosophie gréco-arabe.

    Rémi Soulié / Platon (point à la ligne).

    Bruno Guigue / Hegel, le négatif dans l’histoire.

    David L’Épée / La figure de l’homme historique chez Hegel et Nietzsche.

    Philippe Granarolo / Raisons et résonances du « Gai Savoir ».

    Entretien avec Pierre-André Taguieff / « Philosopher avec Nietzsche signifie s’affirmer continuellement contre lui. »

    Gérard Guest / Heidegger en silence.

    Raphaël Juan / Abellio, philosophe méconnu ?

    Les auteurs de ce numéro

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • Démocratie ?...

    Le numéro 50 de la revue Krisis, dirigée par Alain de Benoist, avec pour rédacteur en chef David L'Epée et Guillaume Travers, vient de paraître. Cette nouvelle livraison est consacrée à la démocratie...

    Vous pouvez commander ce nouveau numéro sur le site de la revue Eléments.

    Bonne lecture !

     

    Krisis 50.jpg

     

    Sommaire

    Fabrizio Tribuzio-Bugatti / La volonté d’impuissance ou l’ochlocratie comme révolte des élites.

    Michel Lhomme / De la démocratie fédérative : le retour des vieilles amitiés.

    Jean-Claude Paye / Une lutte salariale directement politique.

    David L’Épée / Démocratie directe contre démocratie libérale : un conflit de légitimité.

    Olivier Meuwly / Crise de la démocratie représentative et démocratie directe: ce qu’enseigne l’expérience helvétique.

    Viktor Orban / Document : Qu’est-ce que la démocratie illibérale ? (2018).

    Denis Collin / Considérations sur le déclin et l’agonie probable de la démocratie.

    Antonella Attili / La critique décisionniste de la démocratie libérale par Carl Schmitt.

    Jean-Claude Paye / De la « guerre contre le terrorisme » à la guerre sociale.

    Fabrizio Tribuzio-Bugatti / En finir avec l’État de droit.

    Marc Halévy / Démocratie directe : mythe ou voie ?.

    Édouard Berth / Le texte : Le crépuscule démocratique (1914)., démocratie

    Les auteurs du numéro

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!
  • Fin de monde... Fin de mois

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metainfos et consacré à la crise des Gilets Jaunes, comme acte inaugurale d'un nécessaire changement de modèle.

     

    Gilets jaunes_Fin de monde.jpg

    Fin de monde... Fin de mois

    « Le monde antique sombra également, mais il n’en savait rien. Il croyait à une existence éternelle. Il vécut ses derniers moments avec une joie totale, chacun pour soi, comme un cadeau des dieux. Mais nous, nous connaissons notre histoire. Nous mourrons conscients et nous suivrons tous les stades de notre propre dissolution avec le regard infaillible du médecin averti ».

    Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident.

    L’écologiste Noël Mamère lors de la marche sur le climat à Paris du samedi 8 décembre liait la crise écologique à la question sociale. Rien de très original : les médias embrayent depuis le début sur cette récupération possible du mouvement autochtone. Les bobos sont donc aussi de la partie pour entraîner à terme la suppression des centrales nucléaires, le développement irréaliste de l’éolien et des voitures électriques un accroissement de la pollution par les métaux rares et les batteries, la bétonisation accrue de nos campagnes et des océans, la surtaxe permanente sur le prix de l’électricité sans garantie de ne pas être à l’abri demain d’un black électrique. Les décroissants disent autre chose : ils en appellent à la prise de conscience de la valeur réelle de la possession et de la marchandisation du monde. Ils réclament une fin de modèle.

    Mais surtaxé, privé de ses biens, privé de la possibilité de consommer, le peuple des bas salaires  ne désespère-t-il pas en préférant la révolte de la destruction à l’effort du changement de modèle ? Pourtant, le changement de modèle est bien présent dans le mouvement en particulier devant les grands centres commerciaux de province, dans le retour par exemple à des parcours courts de distribution, à un enracinement local de la production et de la consommation, à une alternative écologique de vie comme celle de l’économie solidaire. 
    Spengler avait souligné au début du vingtième siècle les raisons de notre décadence : notre monde est faustien. 

    De fait, revenons sur le Faust II de Goethe. Dans le « grand monde », Faust se trouve pour la première fois confronté au problème de l’état politique. Après un passage satirique où Faust devient un haut dignitaire d’État, il entreprend une « descente chez les mères », déesses del’origine de toute chose. Ayant alors rapporté à la cour un trépied sacré, son regard soutient à peine la vérité révélée devant toute la cour par l’apparition magique d’Hélène de Troie : le but suprême de l’existence est la quête de la beauté. Les territoires périphériques, la banlieue c’est aussi d’abord et avant tout la défiguration du monde, l’enlaidissement de la nature, l’esthétique affreuse des rond-points. Voué à l’économisme, le politique enlaidit la cité et comme le soulignait des sites crées récemment comme l’Iliade (https://institut-iliade.com/)  ou Ligne droite (https://lignedroite.club/), il ne saurait y avoir de renouveau politique sans retour de l’esthétisation du monde et d’un certain baroque. A la fin de la tragédie de Goethe, Faust trouve le but de sa quête : « Vivre sur une terre libre au sein d’un peuple libre ». Il arrache alors à la mer un lambeau de terre afin de la rendre fertile pour le bien des hommes. Nonobstant, on n’a peut-être pas assez souligné que se confronte ici chez l’homme faustien du renouveau deux principes de civilisation accomplie : la cité grecque et le modèle hollandais caractérisé par la conquête de polders sur la mer. Ce sont les deux formes exemplaires de la culture occidentale. Ce sont ces deux paradigmes qui se retrouvent aujourd’hui en quelque sorte face à face.

    Pour conquérir la mer, il faut travailler et la remplir de terre, il faut économiser le monde et veiller à la dépense   puis demain il faudra cimenter et ensuite déloger de force les paysans ou les pêcheurs nomades qui y seraient restés avec leur vie simple et idyllique. La conquête d’îles artificielles sur les mers, de pistes d’aéroports sur les tombants ne s’embarrasse pas des barrières de corail ou de préserver les mangroves. La montée des océans est liée, on ne dira jamais assez avant tout à la bétonisation généralisée en cours de tous les littoraux maritimes et par conséquent à ce modèle hollandais et faustien de la liberté par la possession de terres. Dès lors, les soucis matériels et les besoins, les fins de mois difficiles viennent rappeler à Faust la puissance destructrice du modèle économico-industriel d’exploitation de la nature.

    Pour construire la cité, Sparte n’hésite pas à employer la force et la contrainte sur un peuple d’ouvriers, de cultivateurs et de petits artisans et ce sont alors les politiques qui sont chargés de la basse besogne pendant que les économistes et les marchands du port d’Athènes dépècent les forêts alentour pour construire leur marine marchande. Comment concilier l’exigence de liberté civile et l’oppression politique nécessaire à l’exploitation économique du monde et à son enrichissement ? De fait, l’idéal politique de la modernité technique n’est plus la démocratie mais la  technocratie car la technologie moderne sa cybernétisation  exige en permanence  des procédures gardées secrètes que l’on songe en particulier à la simple gestion d’une centrale nucléaire avec ces incidents quotidiens inévitables. Le monde de la technique devient inéluctablement celui des experts et des spécialistes, des ingénieurs de Centrale. Sur ces élites se greffe la ploutocratie politique, souvent les derniers incapables du fond de la classe (le modèle Castagnette à l’Intérieur) de hauts fonctionnaires énarques qui savent mieux que le peuple ce qui est bon pour lui, en somme  la pire des aristocraties,  celle de la moraline universaliste du Bien.

    Or la liberté politique se conquiert par la lutte et le sentiment d’un corps social uni pour une cause commune. C’est seulement pour travailler à leur propre liberté quel’on peut forcer ses citoyens.

    La liberté de l’homme vient de son activité perpétuelle de création et de construction d’un régime solidaire contre les forces de l’égoïsme et de l’accaparement, de la spoliation et de l’exploitation. Ces forces connaissent bien le poids de leurs dépravations physiques  puisque comme Méphistophélès elles ne cessent d’évoquer pour faire peur les menaces de la fin du monde , du réchauffement climatique, de la mer qui voudrait reconquérir ses droits sauf que le peuple sait une chose : il ne pourra lutter seul contre la mer. Contre l’alternance infinie de la création et de la destruction, il sait qu’il faut renoncer à croire que le collectif seul peut construire des polders pas l’individu. Le plus pernicieux par exemple  de la réforme Blanquer du futur lycée light qui en est même son soubassement idéologique  c’est de  faire croire par exemple que l’élève peut construire seul son parcours professionnel et son savoir, c’est ainsi vouloir  détruire la notion d’appartenance à un groupe en construisant des parcours individualisés, des classes inversées sans maître substituant aux cours traditionnels attachés au groupe classe, l’individu errant dans les couloirs à la quête de bribes de compétences. C’est ainsi vouloir casser l’union possible des promotions alors que le salut cosmologique de l’homme est justement la  transmission infinie de ses forces de générations en générations de groupes de jeunes  en groupes de jeunes C’est par la fondation des cités et des groupements, que l’homme peut en fait mourir en paix. C’est par l’activité sociale que l’homme atteint à l’éternité et non par la consommation individuelle ou l’éducation solitaire fut-elle numérisée.

    Les élites intellectuelles bourgeoises paraissent aujourd’hui abasourdies par la force et la richesse du mouvement collectif, par le réveil d’une France rebelle, populaire et périphérique mais la convergence des différentes révoltes n’aura de sens que si elle aboutit à sortir du chaos libéral, de l’individualisme outrancier, du modèle hollandais, faustien et technocratique du monde. Nous faisons notre la revendication des Gilets jaunes de Dissolution de l’Assemblée nationale et de démission du chef de l’État mais il faut surtout démacroniser la société c’est-à-dire sortir des manipulations millénaristes de fin du monde, proposer le retour à une forme de communauté populaire authentique, enracinée et civique, rétablir le lien entre l’instant suprême de l’individu et l’immortalité d’un peuple libre et d’un collectif solidaire. L’existence est la lutte éternelle des hommes d’action pour conquérir la beauté sur la mer, la liberté sur la servitude, le collectif sur l’égoïsme, la solidarité sur le néant de la dématérialisation et de la marchandisation du monde.

    L’homme faustien rejette parfois sur la décadence et l’idée de fin du monde la vanité qui lui est propre. Mais pris à son propre piège, on voit bien comment la crise écologique a glissé aussi vers une crise sociale d’une volonté débridée d’embrasser le monde par la surabondance matérielle et d’un excessif désir de liberté individuelle, la vision libertarienne. Le faustien perd sous nos yeux en menant le peuple aux fins de mois difficiles et à la destruction écologique du monde par un avenir en ciment armé. Mais on peut résister et vaincre : il suffit d’être soi-même un arbre enraciné qui saisisse la profondeur et le secret de la forêt collective et refuse l’achèvement de l’Histoire en une immense caserne, agenouillés et mains derrière la tête. En fait, nous ne voulons plus gagner de nouvelles cités sur la mer mais embellir celles que nous avons déjà construites.

    Michel Lhomme (Metainfos, 9 décembre 2019)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • La Post-démocratie, une démocratie sans liberté ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à la question de la post-démocratie.

     

    Post-démocratie_surveillance numérique.jpg

    La Post-démocratie, une démocratie sans liberté ?

    La montée du populisme, l’hyper libéralisme, la désinformation et les manipulations électorales sont les questions abordées par les derniers best-sellers politiques internationaux comme How Democracies Die (« Comment les démocraties meurent ? ») de Steven Levitsky et Daniel Ziblatt; How Democracy Ends (« Comment les démocraties se terminent ? ») de David Runciman ou le seul ouvrage déjà traduit en français, Le peuple contre la démocratie de Yascha Mounk [L’Observatoire, Paris 2018]. Tous ces ouvrages sont imprégnés de pessimisme sur l’avenir du pire système politique, à l’exception de tous les autres, comme Churchill le définissait. En France, au contraire, nos universitaires organiques continuent d’animer des séminaires sur la démocratie.

    Le dernier rapport de Freedom House qui analyse les données de 195 pays pour évaluer leur état de santé démocratique, souligne que 2017 a marqué 12 années consécutives de détérioration globale de l’intégrité des processus électoraux en raison de facteurs tels que l’argent excédentaire dans les campagnes ou la manipulation médiatique. Selon Freedom House, l’année dernière, dans 71 pays, les droits politiques et civils et les libertés publiques ont été réduits et seulement 35 ont été améliorés. Depuis 2000, au moins 25 pays ont cessé d’être démocratiques. Pendant la guerre froide, les coups d’État ont été responsables de 75% des cas de rupture démocratique, en particulier en Afrique et en Amérique latine. Aujourd’hui, ces méthodes grossières de coup d’état militaire pour capturer le pouvoir avec la violence ont cédé la place à des stratégies beaucoup plus sophistiquées pour déformer ou déformer la volonté populaire au profit des puissants, quitte même parfois à faire revoter les électeurs (idée qui commence à prendre de l’ampleur en Angleterre face au Brexit) ou à ne pas tenir compte de leur vote (le référendum français sur la constitution européenne). Le paradoxe de cette nouvelle voie électorale vers l’autoritarisme est que les nouveaux liberticides utilisent les institutions mêmes de la démocratie de manière graduelle, subtile et même légalement pour l’assassiner.

    À l’ère du numérique, le pouvoir politique dispose désormais de multiples instruments pour dénigrer la volonté populaire sans recourir à la violence, à la répression. Dans sa large gamme d’options, le pouvoir utilise la manipulation des documents de recensement, les scandales créés de toutes pièces par « la transparence », les calendriers électoraux (les législatives post-présidentielles), l’exclusion arbitraire de candidats, le redécoupage des circonscriptions. De fait, le vol électoral parfait est celui qui est perpétré avant que les gens votent.

    Pour les politistes, il n’y a rien à redire à 2017 : les Français se sont librement exprimés, même si au final Emmanuel Macron ne représente que 15 % des inscrits. À l’échelle mondiale, seulement 30% des élections entraînent un changement de gouvernement ou un transfert de pouvoir à l’opposition. Et ce chiffre est encore plus bas dans les pays ayant un passé autoritaire récent. De fait, il n’y a pas un seul autocrate du 21ème siècle qui n’ait appris qu’il est plus facile de rester au pouvoir à travers des « exercices démocratiques », ce qui explique le paradoxe que même s’il y a plus d’élections que jamais, le monde devient moins démocratique.

    Mais fi du processus électoral désormais maîtrisé pour que la populace ne parvienne jamais au pouvoir, la post-démocratie est en train d’opérer une synthèse encore plus radicale celle de l’autoritarisme numérique et de la démocratie libérale utilisant l’intelligence artificielle et les données recueillies pour surveiller et prévenir tout dérapage oppositionnel à la vision mondialiste car le numérique ne promet pas seulement une nouvelle économie  pour réformer le monde, il promet aussi aux gouvernements de lui permettre de mieux comprendre le comportement de ses citoyens pour les surveiller et les contrôler en permanence. Cette nouvelle réalité citoyenne offrirait ainsi aux gouvernants une alternative possible à la démocratie libérale d’hier restée trop gênante parce que source d’oppositions argumentatives. Il ne s’agirait plus d’éduquer mais de formater, à la lettre une éducation non plus critique à la Condorcet mais de la confiance à la Blanquer, soit la confiance en l’autorité immuable de l’administration des choses, prélèvement à la source et contrôle du privé par impôt et compteur link en prime, par solde de toute monnaie papier, par suivi informatique des déplacements et des pensées.

    L’intelligence artificielle permettra aux grands pays économiquement avancés d’enrichir leur citoyenneté sans en perdre le contrôle. Certains pays sont déjà dans cette direction. La Chine, par exemple, a commencé la construction d’un État autoritaire en support numérique, une sorte de nouveau système politique, un système de contrôle social indolore avec l’utilisation d’outils de surveillance perfectionnés comme la reconnaissance faciale qui vise à pouvoir contrôler n’importe quel secteur turbulent de la population. Plusieurs États liés à l’idéologie numérique ont commencé d’ailleurs à imiter le système chinois. Une grande partie du XXe siècle a été définie par la concurrence entre les systèmes sociaux démocratiques, les fascistes et les communistes. On en discute encore en Gaule dans les bibliothèques du Sénat  alors que la synthèse de la démocratie libérale et de l’autoritarisme numérique se déroule sous nos yeux.

    Les gouvernements pourront censurer de manière sélective les problèmes et les comportements sur les réseaux sociaux tout en permettant aux informations nécessaires au développement d’activités productives de circuler librement. Ils mettront ainsi un terme enfin au débat politique réalisant de fait le projet libéral en son essence : la dépolitisation du monde.

    Michel Lhomme (Metamag, 14 septembre 2018)

    Lien permanent Catégories : Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • États-Unis, Russie : un affrontement en perspective ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue de Michel Lhomme, cueilli sur Metamag et consacré à l'affrontement qui vient entre les États-Unis et la Russie.

    Guerre_Etats-Unis_Russie.jpg

    États-Unis, Russie : un affrontement en perspective ?

    Contrairement à ce que pensent nos experts, ce ne sera pas une nouvelle guerre froide. Pourquoi ? La nouvelle guerre n’est plus une bataille d’idéologies, un combat philosophique, une lutte d’idéaux mais une bataille entre une superpuissance déclinante, ses alliés et des pays en pleine renaissance comme la Russie et la Chine.

    Dans la dernière semaine de mars, des dizaines de diplomates russes ont été désignés comme persona non grata dans plusieurs capitales européennes. Alors que la tension augmentait entre les États-Unis et la Russie, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, avait déclaré qu’il était temps de relancer les canaux de communication de la guerre froide du siècle dernier. « Ces mécanismes sont démantelés. Il est temps de les raviver à nouveau » , avait-il souligné publiquement, avertissant que sinon, il y avait un danger que les choses puissent échapper à tout contrôle.

    Un autre signal fort d’une guerre froide muée en guerre chaude fut la Nuclear Posture Review de l’administration Donald Trump, publiée en février de cette année. Le document révélait à la presse un plan pour augmenter l’arsenal nucléaire américain et justifiait à l’avance une utilisation plus permissive des armes nucléaires. Cette déclaration a été suivie par le discours du Président  Poutine sur l’État de l’Union, prononcé le 1er mars, dans lequel il annonçait lui-aussi le développement de nouveaux systèmes nucléaires et de missiles capables de frapper n’importe quel coin du monde. Poutine avait surtout mis l’accent (guerre psychologique?) sur le fait que la Russie avait la capacité de percer les boucliers de défense antimissile tant vantés par les États-Unis et disposait d’armes hypersoniques alors qu’en 2016, les États-Unis avaient installé un système antimissile de 800 millions de dollars dans une base militaire roumaine.

    En Asie, ce même mois de mars 2018, le Parti communiste chinois a levé la restriction des mandats présidentiels en vigueur depuis le début des années 1990 et le président Xi Jinping est devenu président-empereur à vie. Les États-Unis avaient pourtant tenté en novembre et décembre 2017 de construire une alliance militaire pour conserver leur hégémonie dans la région Asie-Pacifique mais ils avaient échoué. Même les Philippines ne font plus confiance à l’Oncle Sam. Moscou et Pékin ont indiqué à Washington que si désormais l’un d’entre eux venait à être attaqué par l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) ou par tout autre groupe militaire parrainé par les États-Unis, les deux pays opposeront un front uni. Dès l’annonce des attaques contre la Syrie, quelques bâtiments de la marine chinoise rejoignaient la flotte russe en Méditerranée. Le ministre chinois de la Défense, Wei Fenghe, qui était à Moscou la première semaine d’avril pour assister à la 7ème conférence de Moscou sur la sécurité internationale, déclara aux médias que les deux pays avaient une « position commune » sur les question. Par ailleurs, on sait que Poutine et Xi ont convenu dans des pourparlers « secrets » de remplacer progressivement le dollar américain par un étalon-or comme monnaie de réserve pour le commerce international. La Chine a d’ailleurs déjà commencé à payer une partie de ses importations d’énergie en yuans. Les deux pays ont déjà établi des systèmes pour le commerce mondial qui contourneront à terme le dollar.

    Donald Trump, un président toujours aussi imprévisible

    Lors de sa campagne électorale, le candidat Trump avait donné l’impression qu’il était pour la normalisation des relations avec Moscou mais on ne s’arrache pas aussi facilement en Amérique à l’État profond et au lobby sioniste surtout lorsqu’on a fait sa carrière dans l’immobilier à New York. Du coup, depuis son élection, les relations américano-russes n’ont fait que se détériorer et l’on peut craindre qu’il n’y aura jamais de fête cette année pour la Coupe du monde de football qui devrait pourtant normalement se dérouler à Moscou. Donald Trump est  prisonnier de sa haute administration et cette dernière avait pris les devants en accélérant le déploiement des systèmes de missiles en Europe de l’Est. Face à un tel mécanisme qui n’a rien en Europe d’un mécanisme de défense, la Russie n’avait d’autre choix que de chercher des moyens de neutraliser la menace émergente.

    Par ailleurs, les États-Unis n’ont pas pardonné à la Russie son intervention opportune dans le conflit syrien à l’invitation du gouvernement de Damas. Or cette intervention a sauvé la Syrie et probablement la région de la désintégration et du chaos. L’objectif des alliés était pourtant de priver la Russie du gaz et de sa base sous-marine de Tartous c’est-à-dire la priver du partage tacite de la Méditerranée entre les deux grandes puissances depuis la première guerre froide. Pour n’importe quel observateur militaire ou géopoliticien, priver Moscou des ports syriens ne peut pas être négociable. Depuis un an, tout a donc été bon pour mettre au ban de la communauté internationale la Russie : intervention présumée de celle-ci à l’élection présidentielle américaine, empoisonnement d’un agent double russe au Royaume-Uni, attaques chimiques sur la Ghouta orientale. Moscou a toujours nié avec véhémence toutes ces accusations

    2014 : le grand début de la guerre chaude

    Quand on refera l’histoire, on pointera du doigt l’année 2014 comme le grand début. La guerre en Syrie sera déclenchée un an après. L’Ukraine a inauguré une marque, celle de « la révolution orange » : un gouvernement démocratiquement élu à Kiev, aligné sur Moscou, fut renversé avec la participation des États-Unis et de l’Union européenne avec l’aide de militants néo-nazis ouvertement déclarés. La guerre civile a alors éclaté et les habitants de la péninsule de Crimée ont voté massivement pour revenir en Russie. En représailles, l’Occident a introduit des sanctions draconiennes contre la Russie. Là encore la France de Hollande était en première ligne.

    La fin de la première guerre froide a vu l’alliance occidentale étendre son influence jusqu’aux frontières de la Russie mais les assurances données à l’Union Soviétique sur la dissolution de l’OTAN n’ont jamais été à l’époque honorées. L’expansion de l’OTAN vers l’Est a donc changé toute la donne géopolitique et brisé les rêves d’une paix européenne. En 2002, la décision américaine de se retirer du Traité sur les missiles anti balistiques (Traité ABM), traité qui était pourtant la pierre angulaire du système de sécurité international a tout fait capoter. De fait, si les États-Unis avec l’UE avaient dissous l’OTAN, poussé pour l’abolition nucléaire, et aidé à créer une nouvelle architecture de sécurité en Europe qui incluait la Russie, la première guerre froide serait morte de sa belle mort naturelle.

    Ce que n’ont pas vu les Occidentaux c’est que pendant tout ce temps, la Chine progressait inexorablement vers le statut de superpuissance tandis que l’Amérique et le système financier mondial qui lui restait attaché était en déclin constant par le poids de la dette et la politique des banques centrales. Avec Xi Jinping, la Russie dispose maintenant d’un partenaire stratégique et économique fiable pour contrecarrer les machinations des faucons de guerre de Washington. De plus, les mésaventures des champs de bataille américains en Asie de l’Ouest, en Afghanistan, en Irak et en Libye ont accéléré le rythme du déclin des États-Unis et ses efforts pour provoquer une nouvelle guerre froide peuvent être considérés comme un certain chant du cygne, comme faisant partie de l’ultime tentative d’un Empire déclinant pour conserver son statut de superpuissance prééminente et d’empêcher ainsi la communauté internationale de le considérer comme rien.

    Relevons que lors de la guerre froide des années 1960 et 1970, les conflits les plus intenses se sont déroulés en Asie et en Afrique

    Au cours de la dernière décennie, les États-Unis ont construit tout un réseau de bases sur le continent africain. En 2007, utilisant la «guerre contre la terreur» et Boko Haram comme prétexte, Washington a mis en place le Commandement Afrique des États-Unis (AFRICOM). Nous avions analysé à l’époque cela. La montée des forces islamistes en Afrique subsaharienne ont permis aux États-Unis et à son principal allié dans la région, la France avec la force Barkhane d’étendre l’influence militaire occidentale en ajoutant plus de bases. Le dernier pays africain à avoir officiellement cédé une base militaire aux États-Unis est le Ghana. Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, avait annoncé à la fin de l’année dernière que le nombre de forces spéciales américaines sur le continent africain augmenterait encore en 2018. L’Afrique sera le prochain terrain de guerre de la nouvelle guerre froide. Or, la Chine est maintenant totalement occupée pour des raisons vitales (les matières premières) sur le continent africain.

    Si jusqu’alors, l’objectif de Pékin a toujours été d’éviter les collisions géopolitiques et militaires avec l’Occident en mettant toujours l’accent sur le commerce et le développement, le fait que depuis 2009, la Chine a dépassé les États-Unis en tant que principal partenaire commercial de l’Afrique ne pourra pas la laisser sur la touche. Beaucoup d’États africains et c’est sans doute le cas de la République démocratique du Congo de Kabila , ont compris ce qui se passe e,t parfaitement lucides, sont désireux d’échapper coûte que coûte à l’embrasement stratégique américain.

    Que ce soit donc pour protéger les projets de la route de la soie ou défendre ses intérêts en Afrique, la Chine semble comprendre ces dernières semaines qu’elle devra intervenir et elle renforce actuellement toutes ses forces de défense et la formation de ses soldats. La Chine a maintenant le deuxième plus grand budget militaire du monde, certes toujours dérisoire par rapport au budget de défense gargantuesque des États-Unis. Mais on en ignore aussi beaucoup de choses d’elle et de plus elle bénéficiera de l’expertise militaire séculaire de la Russie.

    Il n’est pas du tout certain que la nouvelle guerre chaude sera encore une guerre conventionnelle. L’un de ses champs de bataille sera africain. L’autre sera-t-il Européen et de quelle Europe ?

    Michel Lhomme (Metamag, 17 avril 2018)

    Lien permanent Catégories : Géopolitique, Points de vue 0 commentaire Pin it!
  • Sur Pierre-Joseph Proudhon, penseur localiste et fédéraliste....

    Nous vous signalons la parution du nouveau numéro de la revue Nouvelle Ecole (n°67, année 2018), dirigée par Alain de Benoist, avec un dossier consacré à Pierre-Joseph Proudhon. La revue est disponible sur le site de la revue Éléments ainsi que sur celui de la revue Krisis. Les parisiens pourront également la trouver à la Librairie Facta. 

     

    Nouvelle Ecole 67.png

    Maurras, qui ne l’aimait guère, le qualifiait de «rustre héroïque», Edouard Berth voyait en lui «un des plus grands moralistes que la France ait produits», Bakounine et Courbet furent ses amis. Sainte-Beuve le considérait comme le plus grand prosateur de son temps. Jacques Julliard affirme aujourd’hui qu’il fut «plus grand que Marx, parce que son anthropologie est fondée sur la réciprocité» On a beaucoup glosé sur ses «contradictions», dont on a exagéré l’importance. Proudhon a certes évolué au cours de sa vie, comme tout un chacun, mais les lignes de force apparaissent rapidement. Proudhon est un philosophe de la liberté. Il ne la conçoit pas de façon abstraite, ni comme prétexte à vouloir n’importe quoi, mais comme émancipation vis-à-vis des contraintes politiques et sociales. Qu’il se réclame de l’anarchisme, du mutuellisme ou du fédéralisme, qu’il critique la «propriété» ou fasse l’éloge de la «possession» c’est au fond toujours d’autonomie qu’il veut parler. Il s’agit pour lui de mettre en place un ordre qui permette aux hommes d’être le moins gouvernés possible, de décider le plus possible par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Hostile au socialisme phalanstérien, dont il voit bien les naïvetés, comme au socialisme d’Etat d’un Louis Blanc, dont se réclamera au contraire Jules Guesde et après lui le mouvement communiste international, Proudhon se méfie de la politique, et surtout de l’institution parlementaire qui lui apparaît comme une mystification. «Si le socialisme de Proudhon est le seul aujourd’hui envisageable, écrit encore Jacques Julliard, c’est qu’il est une parfaite illustration du principe de subsidiarité, qui veut que l’on s’efforce de résoudre les problèmes sociaux au niveau le plus bas possible, le plus proche possible des producteurs et des usagers».



    Au sommaire :
    Proudhon, un penseur localiste (Thibault Isabel)

    Proudhon, héraut et philosophe du peuple (Chantal Gaillard)

    Du principe fédératif (Pierre-Joseph Proudhon)

    Fédéralisme et étatisme dans le système politique de Proudhon (Fawzia Tobgui)

    Les conceptions politiques de Proudhon (Jacques Langlois)

    Proudhon libéral ? (René Berthier)

    Proudhon et Courbet (Jean-François Gautier)

    Proudhon en Amérique latine (Michel Lhomme)

    Bibliographie de Pierre-Joseph Proudhon (Alain de Benoist)

    Et aussi…
    Histoire et politique à la lumière de l’Éternel Retour (Philippe Ducat)

    Utopie et action historique (Panajotis Kondylis)

    Du syllogisme paradoxal (Alexandre Bellas)

    Génétique des Indo-Européens (Jean Manco)

    Alain de Benoist, L’écriture runique : recension (Jean Haudry)

    Lien permanent Catégories : Revues et journaux 0 commentaire Pin it!